jour de colère que ce jour là

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La rancune, la vengeance, la domination. Seti a toujours été tiraillé par l'envie, la jalousie. Celle du frère qui a tout pris et qui ne lui a laissé que les miettes stériles d'un royaume. Jaloux de la vie qui peut être donnée alors que lui sème la mort. Il veut se venger des humiliations passées, se repaitre de la souffrance de ceux qui l'ont démis de ce qu'il avait si chèrement acquis. Ce monde nouveau et différent, il veut le faire sien même s'il ne l'aime pas encore. Il le veut à son image double-face et imprévisible, le précipiter vers la pente qui se dessine déjà, celle des tempêtes, des hurlements de l'orage et du sang versé. Mais en même temps, dans son duel avec lui-même, il voudrait que tout soit à nouveau comme avant, quand les faibles humains ne savaient rien faire d'autre que se lamenter et sacrifier au nom des puissances qui les dépassaient, quand ils craignaient les colères de l'orage, la sécheresse d'une mauvaise crue ou les avancées inquiétantes d'un envahisseur.

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+ DUALITÉ ET SOUFFRANCE. Seti n'est pas un. Il y a toujours eu deux entités en lui, deux entités totalement opposées, l'une bienfaisante, l'autre malveillante. L'une protectrice, l'autre destructrice. Aucune ne peut se targuer d'avoir tout à fait l'avantage et c'est un combat permanent et bouillonnant qui l'écartèle. Sa rage et sa violence sont toujours là, instillées dans ses veines, mais elles peuvent servir des desseins différents. Jadis protecteur du Soleil, Rê et de Pharaon. Jadis semeur de mort par ses tempêtes. Qui décide de ce que fera son bras ? Seti n'est pas soit bon soit mauvais, il est les deux à la fois, et il se déchire de l'intérieur, inexorablement, perdu dans les méandres de ses interrogations et de cette folie qui le ronge.

+ La solitude, il s'y complait depuis des siècles, dans ses errances lancinantes sur les pavés des bas fonds où ruissellent la sueur et le sang des vaincus. Sous ses pas, il sème le mal, son mal, il sème la désolation de son être partout où il passe, sans même en avoir conscience. Il ne recherche pas dans l'absolu la compagnie des autres dieux déchus qui comme lui ont presque tout perdu. Lorsqu'il repère et approche, c'est poussé par sa volonté de nuire.
+ Seti a toujours méprisé l'Homme, sa bassesse, la facilité avec laquelle on peut le faire basculer dans ses travers. Il les regarde de haut et de loin, n'apprécie guère de se mélanger aux mortels mais il le faut bien pour retrouver à nouveau la sensation grisante du pouvoir sur les éléments.
+ L'ambition ne disparait jamais chez les êtres de la trempe de Seti. Quand on a goûté au pouvoir, à la terreur qu'on inspire à autrui, on ne peut plus s'en passer. Le dieu rouge ne supporte plus cette pitoyable condition de faible, cette ignorance des mortels à l'égard des divinités et de lui en particulier. Il y a en lui cette rage qui s'immisce, qui brûle chaque parcelle de son corps, qui grandit jusqu'à jaillir avec fracas. Il devient de plus en plus irritable, emporté, il marche en funambule sur un mince câble d'acier.
+ L'absence de morale. Dans les affaires, il n'y a pas de bien ou de mal et c'est avec son business de la guerre qui le lui a véritablement fait prendre conscience. Les pharaons le priaient autrefois pour qu'il leur accorde sa force belliqueuse mais l'Egypte d'antan n'est plus. Derrière les plaquettes aguichantes de sa société, il répond aux prières de l'argent de ces nouveaux rois éphémères, dictateurs de démocraties qu'il méprise à défaut de comprendre, princes crasseux des ruelles des grandes villes polluées par le mal et l'envie.
+ Le sang appelle le sang. Premier meurtrier d'Egypte, premier fratricide, l'odeur du sang le suit, l'appelle, l'extase. Et il erre alors dans les décombres des quartiers mal famés, l'esprit embrumé par ce désir dérangeant mais ô combien puissant. Il s'oublie là, dans le monde de violence qu'est le sien, et lorsque ses yeux s'ouvrent finalement sur ses mains gorgées d'un liquide rouge si doux, si tiède, il ne sait plus, il ignore ce qu'il fait là.
+ La rédemption par le soleil. C'est que Seti aime à être bercé par les rayons de l'astre Rê, son grand-père certes mais surtout le seul à véritablement l'estimer. Il ne se sent véritablement bien que lorsque la lumière à la fois brûlante et lointaine caresse sa peau et lui rappelle un passé malheureusement révolu. Les voyages éternels et journaliers de la barque solaire lui manquent en vérité, mais il sait que quelque part se terre un serpent qui abat le chaos.
+ Le palais perdu. Loin sont les demeures divines, palais de pierres recouvertes d'or. L'étroitesse d'une existence menée parmi les mortels. Seti doit se contenter d'un appartement, vaste certes, mais loin du faste antique avec ses esclaves et ses bassins de crocodiles.
+ Trop d'énergie à contenir, Seti ne peut rester en place et se complaire dans la monotonie. Il doit bouger, courir, frapper, rugir. Le sport est devenu sa soupape, le moyen de vomir la force, de rendre l'énergie accumulée lorsqu'il ne fait rien. Il s'est essayé à beaucoup d'activités, sports de combats en tous genres, escrime, tir, boxe, il pratique tous les jours, chez lui comme en club.
+ Au matin, les réveils volent, il ne supporte pas ces contraintes, qu'on le dérange quand le sommeil est venu le prendre enfin. Seule solution pour calmer un temps soi peu cette humeur mauvaise : le thé.

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+ LA VOIX DES TEMPETES : jadis divinité des tempêtes de sable dans le désert, déchainant le ciel dans sa colère et hurlant le tonnerre, Seti n'est plus guère capable de reproduire la puissance déchainée de ces prodiges terrifiants. Son royaume trop lointain ne l'entoure plus mais les éléments tendent à lui obéir encore un peu. Colère et tempête sont liées, elles sont siennes en partie mais les voudrait pleines et entières. Il peut lever autour de lui la violence des vents qui soulève la poussière et la terre en attirant la venue de l'orage sans pour autant le provoquer. Mais ô rage, tout cela lui serait tellement plus facile si toute cette neige se transformait à présent en sable.

+ LA SÉCHERESSE AU BOUT DES DOIGTS : roi déchu d'une terre aride et stérile, il fut toujours relégué loin des berges fertiles du Nil, loin de la vie verdoyante qu'il s'est échiné à détruire par le meurtre de son frère. Seti fut le désert, le climat hostile qui détruit la vie, pulsion destructrice présente en son être depuis sa naissance. A son passage, sous ses doigts, la flore se dessèche, se flétrit et se meurt, le vivant s'affaiblit pour le nourrir. Il fut un temps où Seti aurait pu décimer des peuples ainsi, à les perdre dans son royaume rouge, mais il peut s'estimer heureux, à l'heure actuelle, de pouvoir faire ployer ainsi ceux ou celles qui l'importunent, surtout les plus faibles, les affaiblissant tout en les terrifiant mais sans jamais les vider assez pour les tuer. Et dans la dualité complexe de son être, d'un côté malfaisant mais de l'autre bienfaisant aussi, ce qu'il prend, il peut le rendre ou l'offrir, mais pourquoi le ferait-il gratuitement ?

+ LA NATURE DU MAL : Seti est égal au tumulte, il est le fracas de la violence, la puissance du mal. Il le distille, le modèle, il le fait naitre dans les cœurs fracassés, malaimés. Sa présence est plus souvent maléfique que bienheureuse, et le déchu du désert peut faire ressortir ce qu'il y a de pire en chacun, la colère, la peur, la haine, la jalousie. Il échauffe le mal chez ceux qui l'entourent, doucement, mais sûrement, ou brusquement. Il en éprouve quelque chose de presque jouissif, de la moquerie aussi, mais que peut-il y faire, c'est dans sa nature.